mercredi 23 mars 2016

Idéaux hauts ou e-débats bas, chacun son combat !

Danser sur un volcan ou sous une boule à facettes...

Pourvu qu'on danse !
Et dire qu'on nous a tellement reproché d'avoir voulu faire voler nos idéaux trop hauts, Et dire que les e-débats volent désormais parfois si bas ! A tout choisir, je préfère m'abstenir. Non, je ne sifflerai pas avec l'oiseau bleu. Je ne palabrerai pas avec les réseaux qui n'ont de zosieaux que la caquetage des gallinacés. Ami lecteur, je laisse à ta discrétion le choix d'apprécier ou de ne pas apprécier ces quelques vers à suivre. Vers à pied, vers solitaires ou vers demain... Pourvu que ce soient pas les derniers, tant ils résonnent dans l'actualité : 

Par la main tenant


  • Et maintenant ?
Maintenant que fanées fleurs des champs,
Maintenant qu'asséchés les torrents,
Maintenant que partis les enfants,
Maintenant qu'emportés par le vent
Les rires et les utopies d'antan,
Combien te restera-t-il de temps ?

  • Le temps n'est rien quand chaque lune est un délice,
Passent les saisons, toujours amours refleurissent.
Entends l'oiseau chanter, vois les fruits qui mûrissent,
Ouvre tes bras, bats-toi au bord du précipice !
D'ici ou d'ailleurs, rien ne vaut le sacrifice
D'une vie sur l'autel doré de l'injustice.

  • Mais la peur ? Mais la douleur ? Infinie rancoeur !
Où donc es-tu ? Autour de toi le monde pleure,
Regarde-le, oublie les mots, oublie les fleurs !
Endolorie ta terre, mater dolorosa,
Ombres et lumières qu'une rafale arrosa.
Le ciel s'est obscurci, la fureur et le bruit,
Les aigles ne volent plus, partout les mots crient...

  • Ne tremble pas mon fils, ta main j'ai tenue,
Moi aussi, les cris et la furie j'ai connu.
Comment vivre libre quand loups sont revenus ?
Ecoute les mots des géants ! Lis, jouis, vole
Si vite les années passent, le bonheur caracole.
Sème la vie pour les enfants de mes enfants,
Guide-les sur le chemin par la maint tenant !

Et un zeste de Pedro sous les poules à facette...


Aucun rapport avec Loulou de la Pousselisière. Juste un clin d'oeil àn Royal de Luxe dans les rues de Nantes en juin 2014.

Suite des aventures de Loulou et Pedro contées dans mon précédent post :

   Tel César ramenant à Rome le butin des Gaules, c'est en grand triomphateur que Pedro pensait être reçu par son impératrice de la Pousselisière. Celle qui lui était toujours apparue mi-ange mi-démon, mi-fugue mi-raison. Celle qui ne s'en laissait jamais conter mais sur qui il avait toujours su compter. C'est que le Pedro et la Louise avaient su tisser leur toile hors des sentiers battus des amours ordinaires. Faut croire que ce matin-là, Louisette avait passé son humeur au papier de verre. « De l'abrasif à gros grain », se dit Pedro en s'extirpant de son carrosse regorgeant de ce que lui seul considérait comme des trésors.- Qu'est-ce que tu as fait comme connerie encore ? Le ton de Louise ne laissait pas de place au doute. Pedro n'hésita pas longtemps. Il eut la réplique acerbe et le verbe cinglant :- Voilà notre Comtesse de la Pousselissière qui se prend pour la Duchesse d'Edimbourg...- Je ne vois pas le rapport...- Edimbourg, l'Ecosse, le chardon. Oui ma Louisette, tu piques comme du chardon !- Je pense que tu feras moins le fanfaron quand je t'aurai raconté le coup de fil que je viens de recevoir...- Arrête, tu me fais peur !- Y a de quoi. Parce que je sais exactement d'où tu viens. D'ailleurs on t'a vu. Et tu t'es mis dans un beau pétrin.
- Aaa
    Bien qu'il ne sache pas du tout où elle voulait en venir, Pedro sentit poindre un germe d'inquiétude. Il la connaissait sa Louise. Quand elle avait envie de le provoquer, elle savait s'y prendre. C'était un jeu bien rôdé et longuement expérimenté. Mais là, ce n'était pas comme d'habitude. Sa Loulou, comme il l'appelle dans les moments sérieux, ne jouait pas. Il l'avait bien compris. Ce coup de téléphone commençait à l'intriguer. Il fallait qu'il en sache davantage. Délaissant son précieux chargement il emboîta le pas à Louise. Sur un bout de papier posé sur la table de la véranda, celle-ci avait griffonné un nom et un numéro de téléphone. La maîtresse des lieux se lança dans ses explications. Pedro se tassa dans son royal fauteuil.- Ecoute Pedro, la police municipale est à tes trousses...- C'est quoi cette histoire ?- Un appel anonyme leur a livré ton numéro d'immatriculation .
- Je n'ai rien commis d'illégal...- Ça tu le raconteras à la charmante fliquette qui m'a fait la leçon. Elle n'a rien voulu entendre. Tu as été dénoncé parce qu'on t'a vu déposer des déchets, et mêm une armoire entière, en pleine nature.- Quoi ?- Eh oui mon Pedro. Contravention de 2e classe, 150 € et obligation de nettoyer le lieu. Tu vois où ça nous mène tes lubies ?- Non, mais tu crois vraiment que je suis capable de faire ça ?           Louise dévisagea Pedro et lui jeta un regard doucereux. Sa mine papier de verre se mua en papier de soie. Elle osa même un léger sourire en coin.- C'est vrai que vu sous cet angle, avec ton poids plume et tes épaules creuses, je ne te vois pas transporter une armoire sur ton dos. Et pourtant quelqu'un t'a vu. La fliquette est affirmative. Cà m'amuse de savoir comment tu vas te dépatouiller avec tout ça...           Pedro sentait un vent de révolte se lever. Comment lui, le chantre de la décroissance, du réemploi, le nettoyeur des fosses d'aisance de la société, pouvait-on l'accuser de faire l'inverse de ce qu'il défendait depuis des années ? On allait voir ce qu'on allait voir. Fliquette ou pas fliquette, elle en entendrait parler du Pedro. Ça lui rappelait cette histoire rocambolesque de l'employée du service de l'assainissement à qui il avait fallu prouver par A + B que les étangs de la Pousselisière étaient capables de recycler les eaux usées de la maisonnée. Une saison entière à faire ses besoins dans un seau pour en arriver à la conclusion que la nappe phréatique n'était pas en danger. On n'était pas dans le même registre, mais là aussi, il irait jusqu'au bout pour faire constater sa bonne foi.- Je suis capable de me dévêtir devant cette charmante policière, pour lui prouver qu'il y a erreur sur la personne.- Fais pas ça Pedro. Elle risquerait d'être éblouie par ton corps d'athlète.- Athlète peut-être pas, mais esthète certainement. Et même champion es-tête... Et modeste avec ça !          Pedro n'aura pas eu besoin d'aller jusqu'à l'extrémité envisagée. Renseignements pris, la fliquette s'était rendue sur place et avait conclu que le modèle de la voiture incriminée et aperçue sur les lieux n'était pas de nature à pouvoir transporter un meuble dont elle avait soigneusement pris les dimensions. Il n'empêche que le Pedro l'avait mauvaise. Ainsi donc, il avait des ennemis dans le secteur. Il savait bien que les corbeaux étaient familiers des lieux. Mais pas ceux de cette engeance. Ce jour-là, c'est le cœur lourd qu'il avait déchargé sa Mazda, le cerveau embrumé par cette histoire. Ce qui lui avait paru comme une belle « prise de guerre » était devenu une source d'ennuis injustifiés. Il était tout le contraire d'une armoire à glace et c'est pourtant une armoire à glace qui était à l'origine de cette péripétie qu'il voulait oublier au plus vite. La porte avec le miroir fut remisée au fond de la réserve. Pedro préféra se retirer dans son antre pour étudier le contenu de la boite en fer blanc qu'il avait ramassée au même endroit.      Il en retira une imposante pile de photos. La plupart d'entre elles étaient en noir et blanc. D'autres couleur sépia. Portraits d'un autre âge, d'une autre époque. Essentiellement des portraits de femmes qui avaient tous un point commun. Le visage apparaissait en plan rapproché, sans expression particulière, et les coins de la photo se perdaient dans un flou sombre. De sorte que chaque portrait faisait ressortir le sujet dans un ovoïde légèrement plus large à sa base qu'au sommet. « Etonnant comme prise de vue », se dit Pedro. Les photos ne correspondaient pas, en effet, aux standards des grands portraitistes. Elles n'avaient pas la qualité d'un Willy Ronis, de Richard Avedon ou de Robert Capa. Elles n'en exerçaient pas moins une part de fascination sur Pedro, intrigué par la composition à la fois stéréotypée et très originale de chaque cliché.