lundi 3 octobre 2016

Les vertus cardinales des mots cris et des mots coeurs !

L'instant d'avant ....

Des claves pour mon clavier...

Ni Carnac, ni Stonehenge, juste un lever d'automne sur le parc du Grand-Blottereau !

        C'est décidé ! Je m'en vais remettre de l'encre dans l'encrier, des claves dans mon clavier, des octaves dans mon octavier et de l'ordre dans mes idées. Il serait temps de retrouver des mots l'Est éthique et des phrases les vertus cardinales. Nécessité vitale pour ne pas perdre le Nord et finir à l'Ouest. Si, quand on n'a rien à dire il faut savoir fermer sa gueule comme le disait Coluche, il en est de même pour l'acte d'écrire. Quand on n'a rien à écrire, rien ne sert de faire semblant. Je préfère m'en tenir à ce que disait Camus dans son discours de réception du prix Nobel de littérature, le 10 décembre 1957, à Stockholm : "La vérité est mystérieuse, fuyante, toujours à conquérir. La liberté est dangereuse, dure à vivre autant qu'exaltante. Nous devons marcher vers ces deux buts, péniblement, mais résolument, certains d'avance de nos défaillances sur un si long chemin." Au moment où l'auteur de L'étranger prononçait ces mots, je poussais mon premier cri. Aujourd'hui, je pousse subrepticement ce modeste écrit en essayant tant bien que mal de suivre le même but : aligner des mots cris pour alerter le monde endormi et bichonner les mots coeurs pour mettre de mon côté les rieurs. Comme qui dirait : la tête dans les étoiles et le Sud au cul, et les bon comptes font les bons amis...


Pour la suite, je te propose de retrouver Pedro et Louise dans leurs pérégrinations :

  Pas raté !
  • Louisette, viens m'aider à décharger le coffre ! hèle Pedro d'un ton guilleret.
  • Pourquoi, c'est aussi lourd que ça !
  • Tiens regarde, pour une affaire, c'est une affaire !
Alignés dans le coffre boueux de la Mazda, six boîtes de conserve de 5 kg d'olives.
  • Dis un prix !
  • Toi, dis-moi plutôt ce qu'on va en faire !
  • T'es vraiment rabat-joie. Tu ne te rends même pas compte de l'aubaine. Je devrais aller voir plus souvent à Mille Stocks.
  • Surtout pas, réplique Loulou en agitant frénétiquement la main. Mais dis-moi Mon Pedro, MP, je peux t'appeler MP ?
Pedro suspend son geste. Il n'a pas compris l'allusion et se demande bien où elle veut en venir. Qu'est-ce qui lui prend de l'appeler MP.
  • MP, Pedro, ça ne te dit rien ?
  • Ma poule, mon poussin...
  • Arrête de me prendre pour une idiote. MP, la signature du Courrier Yonnais.
Ça y est. On y vient. Pedro avait bien lu l'article aux aurores, quand Louise dormait encore les poings fermés. Il savait qu'il allait avoir droit à l'interrogatoire, mais sa virée chez Mimile, le magasin où on trouve des cents et des milles, lui avait fait oublier ce détail.
  • Alors, c'est qui MP ? insiste Louise.
  • Une journaliste du Courrier. Marie Patch...
  • Le poids des mots...
  • Non, le coût du tabac !
  • J'y comprends rien !
  • C'est pas grave. Laisse tomber.
  • En tout cas, l'idée de l'article était bien trouvée. Mais alors la photo...
  • Ben quoi ?
  • Pas joli de mettre en scène un faux dépôt sur la voie publique.
  • Et alors, je n'allais quand même pas leur montrer mes bonnes adresses. C'est comme pour les champignons.
  • Oui, mais ça s'appelle de la désinformation. Et tu en es le complice. Voire même l'instigateur. Et tout ça pour quoi ?
  • Donnant donnant. Marie Patch s'en va faire sa petite enquête à la mairie d'Aizenay. Moi, je témoigne incognito et je récolte quelques infos et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
  • Sauf qu'une lettre anonyme est vite arrivée au Courrier Yonnais et la manipulation éclate au grand jour. Portequoi et Basie L'Heureux sont là pour en témoigner. Je pense même que je vais les garder comme pièces à conviction.
  • Non ma Louisette, tu ne f'rais pas ça ?
  • Donnant donnant mon cher Pedro. Je lâche un peu de lest sur Philippe Roche et tu m'éclaires un peu sur tes intentions.
Louise rejoint la cuisine de la Pousselisière et Pedro reste seul avec ses fûts d'olives à transporter jusqu'à sa réserve qui, s'il n'y prend garde, ne tardera pas à se transformer en abri anti-atomique. Quoique, tenir un siège avec six mois d'olives et de pinard, ce serait un peu monotone.
******
Philippe Roche, Philippe Roche, Philippe Roche... Un coiffeur, un humoriste chanteur, un coach, un avocat. Et puis quoi encore ? D'autant plus que les âges ne concordent jamais et que tous ces homonymes sont dispersés un peu partout en France. Rien qu'à Limoges, il y en a déjà trois que Louise s'est empressée d'appeler.
  • Allo, je voudrais savoir si vos parents habitaient à l'Aigle d'Argent ?
A chaque fois, le même silence plein d'interrogations et de suspicions. Et toujours la même réponse négative plus ou moins aimable. « Ç'aurait été trop simple. Après tout, cette lettre a plus de cinquante ans et le Philippe Roche en question doit en avoir au moins 70 s'il est toujours en vie », constate Louise.
De son côté Pedro a obtenu un nouveau rendez-vous avec Marie Patch. Celle-ci lui a proposé de le rencontrer au Cristal, un petit bar à l'entrée de La Roche, prétextant un planning chargé pour ne pas avoir à se déplacer jusqu'à La Pousselisière. Pedro s'est senti un peu contrarié, mais il a toujours su manoeuvrer envers et contre les éléments pour atteindre ses objectifs. Le voilà donc embarqué sur un parcours qui ne lui est pas familier, à 60 km/h sur la Nationale, au grand dam des automobilistes qui s'agglutinent dans son dos. Il n'en a cure. Pour l'heure, la seule chose qui compte, ce sont les informations que va pouvoir lui fournir la correspondante du Courrier.
Elle est là. Attablée dans un renfoncement de la salle. Devant elle une tasse de café vide semble indiquer qu'elle attend depuis un certain temps. D'où peut-être son visage fermé et son air que Pedro juge contrarié. Il lui tend la main.
  • Bonjour Madame Patch. Pardon pour le retard. Mais vous savez, la circulation...
  • Je sais. Je ne vais pas avoir beaucoup de temps, dit-elle en agitant ses boucles blondes et en remontant ses lunettes d'un geste nerveux.
  • Qu'est-ce que je vous paie ?
  • Un autre café, je veux bien. Excusez-moi, mais le sevrage tabagique me rend un peu nerveuse.
  • Je comprends. Vous devriez essayer l'hypnose. Il paraît que ça marche...
  • Vous savez, j'ai tout essayé...
Pedro n'insiste pas. Il fait un signe au patron derrière le zinc pour commander le café et un ballon de Bordeaux pour lui.
  • Vous savez que votre article était bien tourné ?
  • Merci.
  • Non, c'est vrai, vous avez un joli brin de plume.
Le visage de Marie Patch devient plus serein. Pedro la sent ragaillardie. Il pousse son avantage.
  • Votre rencontre avec la police d'Aizenay semble avoir porté ses fruits.
  • Oui, ils m'ont parlé de leur combat quotidien contre les incivilités.
  • Ah ?
  • Oui, il paraît même que parfois ils font appel à des informateurs anonymes.
  • Pas toujours fiables !
  • Oui je sais. Paraît que vous en avez été victimes !
Pedro se tasse sur sa chaise de bistrot. Ainsi donc, elle est au courant. Il faut absolument qu'il garde la main.
  • Oui, je ne vous en avais pas parlé pour ne pas brouiller les pistes, mais comme je vois que rien ne se cache, je peux vous expliquer la méprise.
  • Pas la peine, ils ont découvert le vrai coupable.
  • C'est à dire ?
  • Ils ont trouvé qui avait déposé cette armoire dans le champ.
  • Ah !
Pedro attend la suite. Mais le visage de Marie s'est refermé. Elle regarde son interlocuteur et ose une question :
  • Monsieur Pedro, dites-moi, pour la photo ?
  • Oui !
  • J'avais l'impression de reconnaître un ou deux objets.
  • Comment ça ?
  • Oui, une impression de déjà vu !
  • Oh ! Vous savez, c'est une impression qu'on éprouve parfois. C'est une forme de paramnésie que certains considèrent comme la preuve de la métempsicose.
Marie ouvre de grands yeux et reste figée, la tasse de café aux lèvres. D'où Pedro sort-il ça ? Tout simplement de sa propension à noyer le poisson dans un bouillon de culture. Histoire de faire changer le cours de la conversation. Dans ces cas-là, ne pas remettre le poisson à l'eau !
  • Marie, vous disiez donc qu'ils avaient retrouvé le coupable ?
  • Oui, un dénommé Neyens ou quelque chose dans ce genre. Mais je ne vous l'ai pas dit.
Marie regarde sa montre et se lève précipitamment.
  • Veuillez m'excuser mais il faut que je me sauve. Je dois filer à L'Hermenault. Mon photographe MiK m'y attend pour un reportage sur l'Outil en Main.
Elle file sans demander son reste.
  • Doit y avoir anguille sous roche avec ce photographe, vu la façon dont ses yeux s'éclairent quand elle en parle, se dit Pedro en allant payer les consommations.