lundi 5 septembre 2016

L'appel et la Bête : contes défaits...

La chimère a des reflets changeants...

L'heure du Grimm ou l'heure de la Perrault ? Toujours est-il que l'heure des comptes est arrivée. Et tout conte fait, c'est pas joli joli ! Dans les jardins de la Pousselisière, la Bête rôde autour des Belles qui se pavanent...
Conciliabule pour échapper à l'appel de la Bête !
 ... et se poussent du col !
Et pendant ce temps, que fait le compteur ?
- Il tourne, il retourne et se creuse les méninges à coup de pelle.

- Que fîtes-vous au temps chaud ?
- Au temps chaud ? Pensa.
- Pensa mais rien ne vena !!!
- Eh bien, qu'adieu ne vaille, je souris à la vie.
- Pourquoi souris ?
- Parce qu'a le son chicotte !!!




And now, ladies and gentlemen, the Big Retour from the Pedro, el grando chiquito della débrouilla :

Pendant que Pedro sollicitait l'aide à son insu de Marie Patch, Louise n'était pas en reste dans ses investigations sur le web. Elle avait pris la résolution de ne plus questionner Pedro, sachant bien qu'il ne lui livrerait que des demi-vérités ou des vérités tronquées. A aucun moment, elle ne l'avait cru quand il lui avait dit qu'il laisserait tomber l'affaire. Mais elle savait aussi que ni l'un ni l'autre ne trouverait la solution tout seul. Elle était prête à lâcher un peu de lest et elle savait manier son Pedro avec délicatesse quand la situation l'exigeait. C'est cette idée qui la traversait au moment d'entrer dans la « taverne » de son bricoleur de génie.
A la vue des tentures cachant le fatras habituel, Louise ne put s'empêcher d'émettre un sifflement admiratif :
  • Tu as décidé de mettre de l'ordre chez toi ou c'est juste pour cacher la misère ?
  • Dis-donc Louise, chacun chez soi et les poules seront bien gardées...
  • Les vaches !
  • Hein ?
  • Oui, les vaches. On dit que les vaches seront bien gardées. Pas les poules !
  • Si tu veux ! Mais ici, c'est chez moi et si je veux que les poules soient bien gardées, c'est comme ça !
Louise n'insiste pas. Elle sait bien que ce décor inhabituel n'a rien d'innocent, mais elle préfère ne pas s'y attarder, histoire de ne pas compromettre ses chances de récolter un indice qui lui manque.
  • Dis-moi Pedro. Tu ne sais pas ce que j'ai découvert sur le Net ?
  • Non, mais je sens que tu vas me l'annoncer rapidement. Je vois ton regard qui jubile !
  • J'ai lu et relu le rapport de l'architecte divisionnaire Timbaud au sujet de l'immeuble de l'Aigle d'Argent. J'y ai déniché le nom d'une famille qui occupait un de ces appartements.
  • Et quel est ce nom ?
  • Roche...
  • Roche, c'est commun.
  • Oui, mais il me semble avoir entendu ce nom récemment. Pas toi ?
Pedro se gratte le front. Le nom ne lui évoque pas grand chose.
  • Tu veux bien que je relise la lettre que je t'avais lue l'autre jour ?
  • Oui, mais elle reste ici avec moi.
Du tiroir de son établi, Pedro extirpe le précieux document jauni qu'il déplie soigneusement. Le regard affûté de Louise se pose directement sur le post-scriptum. D'un pas décidé, elle se dirige vers la porte. Elle jette un regard facétieux en arrière :
  • Merci Pedro, tu es un ange. J'ai la réponse à ma question.
  • Un ange, un ange, mais tu n'auras pas mes ailes, marmonne Pedro resté seul avec la lettre dépliée devant lui.
Il ne met pas longtemps à comprendre qu'il vient de lui fournir un précieux indice pour son enquête. A charge de revanche !
En lançant sa recherche, Louise ne peut s'empêcher de penser qu'il y a plus de Roche en France que de neurones chez les starlettes des télé-réalités. Elle sait qu'elle va devoir s'armer de patience, user de recoupements et provoquer le destin. Ce n'est pas que cela lui fasse peur, c'est surtout qu'elle craint les entourloupes du Pedro. Elle ne va pas tarder à s'en rendre compte.

Cinq jours exactement. Et pas un de plus ! Il aura fallu cinq jours à Loulou pour comprendre ce que cachait le décor dépouillé de la caverne de Pedro. L'article s'étale sur quatre colonnes du Courrier Yonnais. La photo est signée MiK. Pedro y apparaît de dos, savamment mis en scène en train de pointer du doigt un monticule de détritus abandonnés dans la nature. Parmi les déchets censés heurter la conscience du lecteur, Loulou reconnaît les deux hideux nains de jardin et la poupée en celluloïd que Pedro avaient ramenés d'une de ses expéditions et qu'il avait cru de bon ton de placer au fond du jardin de la Pousselisière. L'article signé des initiales MP dénonce le coût faramineux du traitement des dépôts sauvages et l'incivilité croissante des contrevenants. Pour rappel, le journaliste ayant mené l'enquête évoque l'article R632-1 du code pénal et le policier municipal interrogé ne se prive pas d'insister sur les peines encourues.
« Le faux-cul ! Il est allé jusque-là pour soutirer des informations. Pedro, tu ne me feras pas le coup du sombrero ! » se dit Louise en refermant son quotidien. Il faut qu'elle en ait le cœur net. Un tour au fond du jardin s'impose. Portequoi et Basie L'Heureux, les deux nains ainsi nommés sont bien là, mais leurs places ont été inversées, et la poupée grimée en gardeuse d'oies est aussi impassible que d'habitude. Plus de doute pour Louise. Pedro est allé jusqu'à recréer une « scène de crime » pour illustrer un article somme toute sérieux. Un semi-bidonnage en terme journalistique, dont elle compte bien se faire un argument. Et pas plus tard que tout de suite puisque la Mazda brinquebalante de Pedro fait une entrée fracassante sur l'allée empierrée de la Pousselisière. « Il va encore me faire croire qu'il a fait l'affaire du siècle chez Mimile », imagine Louise.

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