... Sortons nos griffes !
Marre d'être mis à toutes les sauces ! L'insulte suprême d'aujourd'hui est d'être traité de Bisounours. Sur toutes les antennes, on n'entend plus que ça ! Bisounours par ci, Bisounours par là ! Et ta soeur ? Alors, Bisounours d'ici, Calinours d'ailleurs, Care bears de là-bas, Osos amorosos ibères (rien pour attendre), Glücksbärchis germains ou Szives Boczok hongrois (ou on ne groit pas), montrons-leur qu'on peut être des Bisounours rapaces. Sortons nos griffes de nos poches, nos graffs et nos greffes d'Apaches pour qu'ils comprennent une fois pour toutes qu'il ne faut pas trop chatouiller un Bisounours hibernant. Suivons aujourd'hui le béret dub père Pedro pour entamer la marche du front de libération des Bisounours et es nains de jardin. En avant la Zique !
Pour la suite, un peu de lecture au pays de Pedro (suite des précédents épisodes) :
C'est
sur la route du retour que les soupçons ont germé dans la tête de
Pedro. L'Outil en Main, L'Hermenault, tout cela ne peut pas être une
coïncidence. Trop de paramètres concordants pour que Louise soit
totalement étrangère à tout cela. C'est en effet là que Loulou
s'est investie pour transmettre son savoir-faire. Et comme par
hasard, c'est là que Marie Patch a été envoyée pour un reportage.
Trop joli pour être honnête ! Encore une de ces entourloupes
dont Pedro se méfie. Il n'a jamais trop su sur quel pied danser. A
la fois, Louise a toujours agi en douce pour venir à sa rescousse et
pour l'aider à avancer. Mais, sous un autre angle, elle a toujours
su tirer les marrons du feu pour lui voler la vedette. Ange ou
démon ? Ou les deux à la fois ? Il ne le saura jamais et
c'est tant mieux car c'est ainsi qu'il a construit sa vie. Autant ne
plus y penser et se concentrer sur le nouvel élément lâché par
Marie Patch.
Neyens,
le nom ne lui évoque rien. Et comme il a fait vœu de chasteté,
rapport aux nouvelles technologies, Pedro ne pourra que s'en remettre
à Loulou pour effectuer de nouvelles recherches. D'où l'intérêt
aussi à ne pas trop la titiller avec l'histoire du Courrier
Yonnais.
En attendant son retour, il s'en va une nouvelle fois observer les
photos trouvées près de l'armoire abandonnée. Pourquoi
présentent-elles toutes ce même encadrement irrégulier ?
Comme si un cache avait obstrué les angles de l'objectif. Un cache
en forme d'oeuf en négatif. De plus, les photos ont un grain
particulier, légèrement flouté, qui ne peut pas être dû à
l'effet du temps. Encore un mystère à éclaircir. Le mieux serait
de pouvoir aller jusqu'à Limoges. Pedro y a bien pensé. Mais la
tâche lui paraît insurmontable. A moins que ?
Une idée des plus farfelues vient d'éclater dans le cerveau fécond
de cet artiste qui s'ignore. Pas du meilleur goût soit ! Mais
ce que l'on demande avant tout à une idée, ce n'est ni son goût ni
son odeur. Pedro se sent pris d'une frénésie soudaine. Il arrache
plus qu'il ne défait les tentures qu'il avait étalées sur son
capharnaüm. Il s'en va fouiller dans son stock de planches pour en
choisir les plus belles. Il toise, il mesure, retoise, remesure,
aligne des chiffres sur son calepin, dessine, redessine. Sur son
atelier il aligne scie, marteau, visseuse, pointes et vis. Puis, d'un
coup s'arrête, se frappe la tête :
- Tout cela est bien beau, mais le transport ?
Une
question que Pedro préfère éluder pour le moment. A chaque instant
sa peine ! Ce qui, à ce moment précis, retient toute son
attention, c'est la réalisation de cette fichue armoire mystérieuse
dont il essaie de comprendre le fonctionnement lu dans un vieil
ouvrage ramené d'une de ses expéditions matinales chez Fourny.
Un livre dédicacé par un certain Robelly, prestidigitateur et
illusionniste au pedigree plus long que le bras selon la liste des
distinctions énumérée sur la page de titre.
- Trucs et grands trucs, je veux bien, mais ça manque de précision !
Voilà Pedro qui se met à soliloquer en lisant et relisant le tour
de l'armoire mystérieuse. Une illusion qui porte bien son nom
pense-t-il. « Comme le chat retombe toujours sur ses pattes, le
Pedro retombe toujours sur ses idées fixes. Tu pars d'une armoire et
tu retourneras à l'armoire. Mais le mystère est toujours là ! »
- Ben alors Pedro, tu parles tout seul maintenant. Je te sens bien en peine !
Elle, c'est Louise qui apparaît dans l'embrasure de la porte de
l'atelier. Fière comme si elle avait découvert le 7e continent.
Elle ne peut s'empêcher une petite allusion à son occupation de la
journée.
- Je te retrouve ici avec l'outil en main, alors que moi je viens juste de le quitter L'Outil en main. Et tu sais quoi ?
- Pas encore, grommelle Pedro, mais je sens que tu meurs d'envie de me le dire.
- Ben figure-toi qu'on a eu les honneurs de la presse. Très sympa d'ailleurs cette Marie Patch. Même si je pense qu'elle aurait besoin d'un peu de repos.
- Ah bon !
- Be, c'est tout ce que tu trouves à dire !
- Je ne vois pas ce que je pourrais dire de plus. D'ailleurs, je ne vois pas à quel titre, le Courrier Yonnais vient gâcher du papier pour des sujets aussi communs.
- Alors là tu exagères, Parce que tu crois que ton histoire bidonnée de dépôts d'ordures sauvages méritait davantage ? D'ailleurs, j'y pensais depuis bien longtemps, à valoriser notre action à l'association.
- Et bien sûr, c'est juste par hasard que tu as fait appel à Marie Patch ?
- Juste par hasard. Je suis tombé sur son numéro de portable en vidant une poche de ton pantalon avant de le mettre au lavage.
- Mensonge. J'avais bien pris soin de glisser sa carte dans mon portefeuille. Mais je savais que tu ferais tout pour rencontrer Marie.
Louise
se rend compte qu'elle vient de se trahir. Vite, changer de sujet
pour passer à autre chose et retrouver l'aigre-doux des journées à
la Pousselisière.
- M'en veux pas Pedro, c'est pour t'aider que je fais tout ça !
- Mmmouais...
- Dis-moi plutôt ce que tu mijotes !
- Aucun rapport avec notre affaire. J'essaie simplement de comprendre ces grands tours de prestidigitations.
- Pourquoi, tu veux te lancer dans la magie ? Tu ne serais pas un peu vieux pour te lancer dans le monde du spectacle.
Pedro
se pousse du col, empoigne une tenture noire qu'il avait utilisée
pour masquer le désordre de son atelier et en recouvre une Louise
médusée.
- Et maintenant ! And now, ladies and gentlemen, la disparition de Miss Louisette !!!!
Louise
enlève elle-même la cape qui la recouvre. Elle fait la grimace et
secoue la tête avec fatalité :
- Mon pauvre Pedro, t'as encore du boulot pour devenir le roi de l'escamotage. Remarque, quand tu seras au point on pourra peut-être imaginer un grand festival de magie à Beaulieu : Le poids des taches et la taille des illusions, ça f'rait bien comme titre, non !
Elle jette la cape sur l'établi et se retourne d'un geste
dédaigneux. Pedro hausse la voix pour être sûr d'être entendu :
- Robelly, c'est le nom du magicien. Et Neyens, c'est le coupable !
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