vendredi 4 novembre 2016

Les Bisounours se rebiffent...

... Sortons nos griffes !


Marre d'être mis à toutes les sauces ! L'insulte suprême d'aujourd'hui est d'être traité de Bisounours. Sur toutes les antennes, on n'entend plus que ça ! Bisounours par ci, Bisounours par là ! Et ta soeur ? Alors, Bisounours d'ici, Calinours d'ailleurs, Care bears de là-bas, Osos amorosos ibères (rien pour attendre), Glücksbärchis germains ou Szives Boczok hongrois (ou on ne groit pas), montrons-leur qu'on peut être des Bisounours rapaces. Sortons nos griffes de nos poches, nos graffs et nos greffes d'Apaches pour qu'ils comprennent une fois pour toutes qu'il ne faut pas trop chatouiller un Bisounours hibernant. Suivons aujourd'hui le béret dub père Pedro pour entamer la marche du front de libération des Bisounours et es nains de jardin. En avant la Zique !

Suivez le béret !

Marchand de mots il était, les maux il récoltait en marchant. Il avait vu tant et tant de misères tout autour de la Terre. Il devait reprendre son bâton de pèlerin pour réconcilier ses frères humains. Tout en foulant les herbes sèches, il se voyait entrelacer les verbes revêches. Ainsi tressés, les mots en seraient tout retournés. La marieur de mots voulait réussir l'amalgame des mots d'Est et des mots roses, l'harmonie des mots dits et des mots tus, mais pas de bouche cousue. Les jardiniers chanteraient les mots des râteaux et tout le monde crierait bravo. Des mots en bic, il en ferait des grigris éloignant les mots-cris. Dans les méandres de son ordinateur, il se mit à cibler les mots-coeurs pour chasser les peurs. Il avait lu Le Gai Savoir de Nietzsche. Sa philosophie à lui était un chouïa plus kitsch. Si la vie était un manège, il devait en apprendre tous les arpèges. Il s'embarqua sur un bateau à voiles vers les régions boréales. Dans les idées, il avait de la suite. Il voulait connaître les Inuits. La banquise était son tremplin sur la voie de son destin. Maintenant qu'il avait des mots l'air, il pouvait arpenter les routes buissonnières. Des glaces de l'Alaska au pays des kiwis, il glissa sur Hawaï wiki wiki. Il y croisa sa belle. Elle avait les yeux cannelle. Il devint fou des mots d'elle. Des sourires et des hommes, il en avait fait son pensum. Même en Grèce où le cœur n'était pas à la kermesse. Il lui fallut affronter les mots lestes des jours de peste. Garder le cap, même quand les mots râlent, c'est fatal ! A force de respirer des mots l'air, il eut des millions de followers. C'est ainsi que naquit la nouvelle Babel, sans mur et sans Shrapnel. Un peu par sérendipité, il avait recousu l'humanité. Et quand il fut bien fatigué, il se coucha dans la plénitude. A compter de ce jour, il put se contenter des mots d'alité. Leskine était son nom et la musique des mots sa passion. Après toutes ces vicissitudes, il pouvait partir en totale zénitude. On enveloppa dans un linceul de mots Leskine pour son denier voyage par-delà les nuages.
 
Pour la suite, un peu de lecture au pays de Pedro (suite des précédents épisodes) :

      C'est sur la route du retour que les soupçons ont germé dans la tête de Pedro. L'Outil en Main, L'Hermenault, tout cela ne peut pas être une coïncidence. Trop de paramètres concordants pour que Louise soit totalement étrangère à tout cela. C'est en effet là que Loulou s'est investie pour transmettre son savoir-faire. Et comme par hasard, c'est là que Marie Patch a été envoyée pour un reportage. Trop joli pour être honnête ! Encore une de ces entourloupes dont Pedro se méfie. Il n'a jamais trop su sur quel pied danser. A la fois, Louise a toujours agi en douce pour venir à sa rescousse et pour l'aider à avancer. Mais, sous un autre angle, elle a toujours su tirer les marrons du feu pour lui voler la vedette. Ange ou démon ? Ou les deux à la fois ? Il ne le saura jamais et c'est tant mieux car c'est ainsi qu'il a construit sa vie. Autant ne plus y penser et se concentrer sur le nouvel élément lâché par Marie Patch.
Neyens, le nom ne lui évoque rien. Et comme il a fait vœu de chasteté, rapport aux nouvelles technologies, Pedro ne pourra que s'en remettre à Loulou pour effectuer de nouvelles recherches. D'où l'intérêt aussi à ne pas trop la titiller avec l'histoire du Courrier Yonnais. En attendant son retour, il s'en va une nouvelle fois observer les photos trouvées près de l'armoire abandonnée. Pourquoi présentent-elles toutes ce même encadrement irrégulier ? Comme si un cache avait obstrué les angles de l'objectif. Un cache en forme d'oeuf en négatif. De plus, les photos ont un grain particulier, légèrement flouté, qui ne peut pas être dû à l'effet du temps. Encore un mystère à éclaircir. Le mieux serait de pouvoir aller jusqu'à Limoges. Pedro y a bien pensé. Mais la tâche lui paraît insurmontable. A moins que ?
Une idée des plus farfelues vient d'éclater dans le cerveau fécond de cet artiste qui s'ignore. Pas du meilleur goût soit ! Mais ce que l'on demande avant tout à une idée, ce n'est ni son goût ni son odeur. Pedro se sent pris d'une frénésie soudaine. Il arrache plus qu'il ne défait les tentures qu'il avait étalées sur son capharnaüm. Il s'en va fouiller dans son stock de planches pour en choisir les plus belles. Il toise, il mesure, retoise, remesure, aligne des chiffres sur son calepin, dessine, redessine. Sur son atelier il aligne scie, marteau, visseuse, pointes et vis. Puis, d'un coup s'arrête, se frappe la tête :
  • Tout cela est bien beau, mais le transport ?
Une question que Pedro préfère éluder pour le moment. A chaque instant sa peine ! Ce qui, à ce moment précis, retient toute son attention, c'est la réalisation de cette fichue armoire mystérieuse dont il essaie de comprendre le fonctionnement lu dans un vieil ouvrage ramené d'une de ses expéditions matinales chez Fourny. Un livre dédicacé par un certain Robelly, prestidigitateur et illusionniste au pedigree plus long que le bras selon la liste des distinctions énumérée sur la page de titre.
  • Trucs et grands trucs, je veux bien, mais ça manque de précision !
Voilà Pedro qui se met à soliloquer en lisant et relisant le tour de l'armoire mystérieuse. Une illusion qui porte bien son nom pense-t-il. « Comme le chat retombe toujours sur ses pattes, le Pedro retombe toujours sur ses idées fixes. Tu pars d'une armoire et tu retourneras à l'armoire. Mais le mystère est toujours là ! »
  • Ben alors Pedro, tu parles tout seul maintenant. Je te sens bien en peine !
Elle, c'est Louise qui apparaît dans l'embrasure de la porte de l'atelier. Fière comme si elle avait découvert le 7e continent. Elle ne peut s'empêcher une petite allusion à son occupation de la journée.
  • Je te retrouve ici avec l'outil en main, alors que moi je viens juste de le quitter L'Outil en main. Et tu sais quoi ?
  • Pas encore, grommelle Pedro, mais je sens que tu meurs d'envie de me le dire.
  • Ben figure-toi qu'on a eu les honneurs de la presse. Très sympa d'ailleurs cette Marie Patch. Même si je pense qu'elle aurait besoin d'un peu de repos.
  • Ah bon !
  • Be, c'est tout ce que tu trouves à dire !
  • Je ne vois pas ce que je pourrais dire de plus. D'ailleurs, je ne vois pas à quel titre, le Courrier Yonnais vient gâcher du papier pour des sujets aussi communs.
  • Alors là tu exagères, Parce que tu crois que ton histoire bidonnée de dépôts d'ordures sauvages méritait davantage ? D'ailleurs, j'y pensais depuis bien longtemps, à valoriser notre action à l'association.
  • Et bien sûr, c'est juste par hasard que tu as fait appel à Marie Patch ?
  • Juste par hasard. Je suis tombé sur son numéro de portable en vidant une poche de ton pantalon avant de le mettre au lavage.
  • Mensonge. J'avais bien pris soin de glisser sa carte dans mon portefeuille. Mais je savais que tu ferais tout pour rencontrer Marie.
Louise se rend compte qu'elle vient de se trahir. Vite, changer de sujet pour passer à autre chose et retrouver l'aigre-doux des journées à la Pousselisière.
  • M'en veux pas Pedro, c'est pour t'aider que je fais tout ça !
  • Mmmouais...
  • Dis-moi plutôt ce que tu mijotes !
  • Aucun rapport avec notre affaire. J'essaie simplement de comprendre ces grands tours de prestidigitations.
  • Pourquoi, tu veux te lancer dans la magie ? Tu ne serais pas un peu vieux pour te lancer dans le monde du spectacle.
Pedro se pousse du col, empoigne une tenture noire qu'il avait utilisée pour masquer le désordre de son atelier et en recouvre une Louise médusée.
  • Et maintenant ! And now, ladies and gentlemen, la disparition de Miss Louisette !!!!
Louise enlève elle-même la cape qui la recouvre. Elle fait la grimace et secoue la tête avec fatalité :
  • Mon pauvre Pedro, t'as encore du boulot pour devenir le roi de l'escamotage. Remarque, quand tu seras au point on pourra peut-être imaginer un grand festival de magie à Beaulieu : Le poids des taches et la taille des illusions, ça f'rait bien comme titre, non !
Elle jette la cape sur l'établi et se retourne d'un geste dédaigneux. Pedro hausse la voix pour être sûr d'être entendu :
  • Robelly, c'est le nom du magicien. Et Neyens, c'est le coupable !

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