Les moissonneurs de lunes reprennent la route !
2013 a sucré les fraises,
2014 bombe le torse ! Les lunes se mélangent mon Ange !
« La
sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les
perdre de vue lorsqu'on les poursuit. »
Oscar Wilde
« Si
le bonheur s'invite sans prévenir, ne le laisse pas languir. C'est
ton destin, fais-en ton festin ! »
Darrel
Geloss
Je te
souhaite, à toi et à ceux que tu aimes, 365 jours de bonheurs
quotidiens pour cette année 2014, de nouvelles espérances, de
belles lectures et des évasions au gré des musiques et du vent.
Gérard
Et maintenant en avant-première, quelques lignes du scénario des Moissonneurs de lunes dont j'ai entamé la réécriture et qui vont occuper une partie de mon hiver :
La nuit est tombée
sur Alcasia. Noire. Profonde. Criblée de milliers de pépites
lumineuses.
Dans la solitude de son vaste bureau trônant au sommet
de la 8Tower, Nick n'a pas bougé. Il se souvient de la prophétie de
cette vieille folle de Rosa :
Quand toutes les
lunes auront été moissonnées,
Quand l'océan
tes enfants aura avalés,
L'Anneau de vie
te brûlera la peau
Et l'Altitano te
servira de tombeau...
Désormais,
il attend. Le silence lui perce les tympans. Chaque étoile est une
menace. Synonyme de froid, d'exil et de terres hostiles. Toute sa
vie, il a été bercé par le confort des nuits artificielles. Il y a
quelques heures encore, il était Nick Karoff, alias NK6, maître
omnipotent d'Alcasia, faiseur de nuits et de jours pour ses millions
de sujets soumis à sa seule volonté. Et puis, le Soleil a eu des
envies d'émancipation. Nick l'a vu se glisser derrière l'Altitano.
La pénombre a enserré Alcasia dans ses mâchoires puissantes.
Depuis, il n'a pas bougé. Trois coups frappés à la porte le font
sursauter. Il se sent soudain minuscule dans l'immensité de la
noirceur.
- Oui, répond-il machinalement aux coups réitérés sur la porte. La voix est lasse. A peine audible !
Dans
l'embrasure, il distingue la silhouette massive de Rick Feuerstein.
Son lieutenant, son alter ego et, pense-t-il, peut-être son dernier
ami parmi tous ces courtisans prêts à changer de bord au premier
vent contraire.
L'homme
a de la prestance, une carrure d'athlète et le cheveu ordonné comme
une armée à la parade. Rick a cette profusion à savoir garder son
calme en toute circonstance. Tout l'inverse de son « Patron »
qui a toujours eu tendance à vouloir se grandir, aussi éruptif
qu'un volcan sous amphétamines.
- Nick, il faut reprendre la main. Ton peuple n'attend que ça. Tu dois exploiter l'effet de surprise. C'est toi qui est à l'origine de ce qui se passe. C'est ton feu d'artifice à toi !
- Tu sais bien qu'on n'y est pour rien...
- Et alors ? A part nous, qui est-ce qui connaît la vérité ?
- Tu as raison Rick. Ça durera le temps que ça durera. Laisse-moi le temps d'y réfléchir.
Rick
se dirige vers la porte entrebâillée avant de se raviser.
- J'oubliais Nick. Un de mes hommes m'a remis ceci. Un cadeau d'un de tes admirateurs, paraît-il. Si cela peut te mettre un peu de baume au cœur. Ne t'inquiète pas, on l'a passé au détecteur. Il n'y a aucun danger.
Il
a beau être à la tête du Repression earth security
agency trust, le redoutable
RESAT chargé du maintien de l'ordre aux méthodes expéditives, Rick
Feuerstein a la faculté de savoir trouver les mots qu'il faut pour
entretenir les bonnes relations avec Nick.
NK6
a l'habitude des cadeaux insolites de la part de ses sujets. Mais
celui-ci dépasse les limites du mauvais goût. Quoique ! Il
arriverait presque à faire oublier à son destinataire la gravité
de la situation. Et pour cause. D'un étui en carbone, Nick a tiré
un rouleau d'épais papier. Qui, à l'heure du tout écran, peut
encore s'émerveiller d'un vulgaire bout de papier ? A part les
nostalgiques des temps anciens, d'avant la dynastie des Karoff et de
l'ère Terra Sine Tempora. Ou
alors quelques hurluberlus folkloriques, révolutionnaires de
pacotille qui pensent qu'avec quelques coups de crayons ils feront
vaciller un ordonnancement bien établi. Et si c'était eux les plus
dangereux, ose Nick à voix feutrée.
- Tu paniques Nick ?
Putain
de nuit. Le 13e des Karoff a toujours méprisé la nuit, cette
Sournoise qui n'est
bonne que pour les Bannis et le bas peuple. Ce noir qui, de mémoire
d'Alcasien, n'a jamais existé que dans les caissons hermétiques de
Morphépolis où les masses laborieuses allaient trouver quelque
repos entre deux rotations.
- Tu paniques Nick ?
NK6
se tient toujours debout face à la baie vitrée. Au loin, la masse
noire de l'Altitano fait figure de menace endormie. Nick jurerait
qu'il la voit respirer. A plus de cent cinquante mètres en-dessous
de lui, les rues d'Alcasia, d'ordinaire grouillantes de vie, donnent
l'impression de retenir leur souffle. Dorénavant que va-t-il se
passer ? Nick sait qu'il n'a plus le droit à l'erreur.
L'Altitano te servira de tombeau...
- Sors de ma tête Rosa...
- Tu paniques Nick ?
Il
n'y a personne d'autre que lui dans la pièce. C'est pourtant bien la
troisième fois que cette petite musique lui trotte dans la tête.
« Petite musique de nuit », pense-t-il en se rappelant de
quelques notes que son grand-père lui faisait écouter pour le
mettre en garde.
- Tu vois, mon petit Nick, c'est avec ce genre de musique que nos ancêtres se sont laissés bercer d'illusions. Jusqu'à ce que le premier des Karoff ne mette un terme à ce qu'ils appelaient la mondialisation heureuse. Penses-y toujours Nick, tant que tu auras la maîtrise du temps, l'anneau de vie prospérera. L'essentiel est de ne pas laisser entrer le doute.
Nick
avait, jusque-là, parfaitement appliqué la leçon de son aïeul.
Avant le grain de sable...
- Tu paniques Nick ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire