mercredi 22 mai 2013

Petites salades de printemps...

L'écriture mais les cris tuent. Les maux lassent et les mots rient tôt. Un rayon en mai et c'est la frénésie qui me gagne. Deux nouveaux écrits dans mon tiroir à secrets. Quand on naît conte, on est conte. Berry donc s'il te plaît. Je t'en livre la primeur en attendant l'arrivée de l'imprimeur :
Sa route s'était arrêtée un matin d'hiver. Une fine couche de givre recouvrait les bords de la Creuse dans le bas de Saint-Gaultier. Stella, la vieille jument Lipizzan, n'en pouvait plus de tirer l'antique roulotte brinquebalante du Père François. Faut dire que, de ces deux-là, personne ne savait lequel partirait en premier. François avait le poil aussi gris que la robe de Stella, la barbe aussi fournie que la crinière de Stella. Quand on voyait l'un, on voyait l'autre. Au fil des années, ils s'étaient fondus dans le décor. A Saint-Gaultier, François était devenu l'Italiano, rapport aux interminables récits de ses campagnes d'Italie qu'il avait livrées. A ce moment, et à ce moment seulement, son regard se remplissait d'étoiles. Et puis, d'une voix plaintive, il entamait une chanson d'un autre temps :
S'accompagnant d'un doigt
ou quelques doigts
le clown se meurt...
Se voi non comprendete
Si vous ne comprenez pas
almeno non ridete
Au moins ne riez pas !
Jument comme je respire ! Bidon, bidon, bidon...ville

Autre temps, autres morts. Conte cruel mais pas pour Machiavel :
L'unique souvenir qu'il gardait de son trisaïeul était une Bible jaunie et écornée dans laquelle il conservait, telle une relique sacrée, le texte manuscrit du 13e amendement de la Constitution des Etats-Unis d'Amérique adopté le 6 décembre 1865 : « L'esclavage est formellement interdit sur le territoire... » Un jour sacré pour tous ses ancêtres qu'on avait débarqués sans ménagement dans la baie de Narraganset. Il ne savait pas comment le nom Zimmer était apparu dans la lignée. Tout ce qu'il savait, c'est que de génération en génération, au rythme des métissages, la peau avait blanchi. De ses lointaines origines africaines, il ne gardait en héritage qu'une légère pigmentation et des cheveux crépus. Pour le reste, l'assimilation avait fait son œuvre.


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