Danser sur un volcan ou sous une boule à facettes...
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Pourvu qu'on danse !
Et dire qu'on nous a tellement reproché d'avoir voulu faire voler nos idéaux trop hauts, Et dire que les e-débats volent désormais parfois si bas ! A tout choisir, je préfère m'abstenir. Non, je ne sifflerai pas avec l'oiseau bleu. Je ne palabrerai pas avec les réseaux qui n'ont de zosieaux que la caquetage des gallinacés. Ami lecteur, je laisse à ta discrétion le choix d'apprécier ou de ne pas apprécier ces quelques vers à suivre. Vers à pied, vers solitaires ou vers demain... Pourvu que ce soient pas les derniers, tant ils résonnent dans l'actualité :
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Par
la main tenant
Maintenant
que fanées fleurs des champs,
Maintenant
qu'asséchés les torrents,
Maintenant
que partis les enfants,
Maintenant
qu'emportés par le vent
Les
rires et les utopies d'antan,
Combien
te restera-t-il de temps ?
Passent les saisons, toujours amours refleurissent.
Entends l'oiseau chanter, vois les fruits qui mûrissent,
Ouvre tes bras, bats-toi au bord du précipice !
D'ici ou d'ailleurs, rien ne vaut le sacrifice
D'une vie sur l'autel doré de l'injustice.
Où donc es-tu ? Autour de toi le monde pleure,
Regarde-le, oublie les mots, oublie les fleurs !
Endolorie ta terre, mater dolorosa,
Ombres et lumières qu'une rafale arrosa.
Le ciel s'est obscurci, la fureur et le bruit,
Les aigles ne volent plus, partout les mots crient...
Moi aussi, les cris et la furie j'ai connu.
Comment vivre libre quand loups sont revenus ?
Ecoute les mots des géants ! Lis, jouis, vole
Si vite les années passent, le bonheur caracole.
Sème la vie pour les enfants de mes enfants,
Guide-les sur le chemin par la maint tenant !
Et un zeste de Pedro sous les poules à facette...
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Aucun rapport avec Loulou de la Pousselisière. Juste un clin d'oeil àn Royal de Luxe dans les rues de Nantes en juin 2014.
Suite des aventures de Loulou et Pedro contées dans mon précédent post :
Tel César ramenant à Rome le butin des Gaules, c'est en grand
triomphateur que Pedro pensait être reçu par son impératrice de la
Pousselisière. Celle qui lui était toujours apparue mi-ange
mi-démon, mi-fugue mi-raison. Celle qui ne s'en laissait jamais
conter mais sur qui il avait toujours su compter. C'est que le Pedro
et la Louise avaient su tisser leur toile hors des sentiers battus
des amours ordinaires. Faut croire que ce matin-là, Louisette avait
passé son humeur au papier de verre. « De l'abrasif à gros
grain », se dit Pedro en s'extirpant de son carrosse regorgeant
de ce que lui seul considérait comme des trésors.- Qu'est-ce que tu as fait comme connerie encore ?
Le ton de Louise ne laissait pas de place au doute. Pedro n'hésita
pas longtemps. Il eut la réplique acerbe et le verbe cinglant :- Voilà notre Comtesse de la Pousselissière qui se prend pour la
Duchesse d'Edimbourg...- Je ne vois pas le rapport...- Edimbourg, l'Ecosse, le chardon. Oui ma Louisette, tu piques comme
du chardon !- Je pense que tu feras moins le fanfaron quand je t'aurai raconté
le coup de fil que je viens de recevoir...- Arrête, tu me fais peur !- Y a de quoi. Parce que je sais exactement d'où tu viens.
D'ailleurs on t'a vu. Et tu t'es mis dans un beau pétrin. - Aaa Bien qu'il ne sache pas du tout où elle voulait en venir, Pedro
sentit poindre un germe d'inquiétude. Il la connaissait sa Louise.
Quand elle avait envie de le provoquer, elle savait s'y prendre.
C'était un jeu bien rôdé et longuement expérimenté. Mais là, ce
n'était pas comme d'habitude. Sa Loulou, comme il l'appelle dans les
moments sérieux, ne jouait pas. Il l'avait bien compris. Ce coup de
téléphone commençait à l'intriguer. Il fallait qu'il en sache
davantage. Délaissant son précieux chargement il emboîta le pas à
Louise. Sur un bout de papier posé sur la table de la véranda,
celle-ci avait griffonné un nom et un numéro de téléphone. La
maîtresse des lieux se lança dans ses explications. Pedro se tassa
dans son royal fauteuil.- Ecoute Pedro, la police municipale est à tes trousses...- C'est quoi cette histoire ?- Un appel anonyme leur a livré ton numéro d'immatriculation .
- Je n'ai rien commis d'illégal...- Ça tu le raconteras à la charmante fliquette qui m'a fait la
leçon. Elle n'a rien voulu entendre. Tu as été dénoncé parce
qu'on t'a vu déposer des déchets, et mêm une armoire entière,
en pleine nature.- Quoi ?- Eh oui mon Pedro. Contravention de 2e classe, 150 € et obligation
de nettoyer le lieu. Tu vois où ça nous mène tes lubies ?- Non, mais tu crois vraiment que je suis capable de faire ça ? Louise dévisagea Pedro et lui jeta un regard doucereux. Sa mine
papier de verre se mua en papier de soie. Elle osa même un léger
sourire en coin.- C'est vrai que vu sous cet angle, avec ton poids plume et tes
épaules creuses, je ne te vois pas transporter une armoire sur ton
dos. Et pourtant quelqu'un t'a vu. La fliquette est affirmative. Cà
m'amuse de savoir comment tu vas te dépatouiller avec tout ça... Pedro sentait un vent de révolte se lever. Comment lui, le chantre
de la décroissance, du réemploi, le nettoyeur des fosses d'aisance
de la société, pouvait-on l'accuser de faire l'inverse de ce qu'il
défendait depuis des années ? On allait voir ce qu'on allait
voir. Fliquette ou pas fliquette, elle en entendrait parler du
Pedro. Ça lui rappelait cette histoire rocambolesque de l'employée
du service de l'assainissement à qui il avait fallu prouver par A +
B que les étangs de la Pousselisière étaient capables de recycler
les eaux usées de la maisonnée. Une saison entière à faire ses
besoins dans un seau pour en arriver à la conclusion que la nappe
phréatique n'était pas en danger. On n'était pas dans le même
registre, mais là aussi, il irait jusqu'au bout pour faire constater
sa bonne foi.- Je suis capable de me dévêtir devant cette charmante policière,
pour lui prouver qu'il y a erreur sur la personne.- Fais pas ça Pedro. Elle risquerait d'être éblouie par ton corps
d'athlète.- Athlète peut-être pas, mais esthète certainement. Et même
champion es-tête...
Et modeste avec ça ! Pedro n'aura pas eu besoin d'aller jusqu'à l'extrémité envisagée.
Renseignements pris, la fliquette s'était rendue sur place et avait
conclu que le modèle de la voiture incriminée et aperçue sur les
lieux n'était pas de nature à pouvoir transporter un meuble dont
elle avait soigneusement pris les dimensions. Il n'empêche que le
Pedro l'avait mauvaise. Ainsi donc, il avait des ennemis dans le
secteur. Il savait bien que les corbeaux étaient familiers des
lieux. Mais pas ceux de cette engeance. Ce jour-là, c'est le cœur
lourd qu'il avait déchargé sa Mazda, le cerveau embrumé par cette
histoire. Ce qui lui avait paru comme une belle « prise de
guerre » était devenu une source d'ennuis injustifiés. Il
était tout le contraire d'une armoire à glace et c'est pourtant une
armoire à glace qui était à l'origine de cette péripétie qu'il
voulait oublier au plus vite. La porte avec le miroir fut remisée au
fond de la réserve. Pedro préféra se retirer dans son antre pour
étudier le contenu de la boite en fer blanc qu'il avait ramassée au
même endroit. Il en retira une imposante pile de photos. La plupart d'entre elles
étaient en noir et blanc. D'autres couleur sépia. Portraits d'un
autre âge, d'une autre époque. Essentiellement des portraits de
femmes qui avaient tous un point commun. Le visage apparaissait en
plan rapproché, sans expression particulière, et les coins de la
photo se perdaient dans un flou sombre. De sorte que chaque portrait
faisait ressortir le sujet dans un ovoïde légèrement plus large à
sa base qu'au sommet. « Etonnant comme prise de vue », se
dit Pedro. Les photos ne correspondaient pas, en effet, aux standards
des grands portraitistes. Elles n'avaient pas la qualité d'un Willy
Ronis, de Richard Avedon ou de Robert Capa. Elles n'en exerçaient
pas moins une part de fascination sur Pedro, intrigué par la
composition à la fois stéréotypée et très originale de chaque
cliché.
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